1) Le palissandre de Rio donne un son nettement plus chaud et brillant que le palissandre indien. Même si le fond vibre un peu, l'influence de cela sur la sonorité de l'instrument est de second ordre voire le plus souvent à peine perceptible.
2) Le vernis au tampon améliore les qualités sonores de l'instrument. La composition chimique du vernis ou la méthode avec laquelle il est appliqué ont assez peu d'importance pour le son si le vernissage est bien fait. Par contre, un vernis trop compact et épais jouera un rôle restrictif vis à vis de la vibration de la table en l'alourdissant et la rigidifiant. Il n'en demeure pas moins que le vernis laque, plus épais, produit un effet rigidifiant sur la table et qu'il en découle une attaque très légèrement retenue accompagnée d'une remontée des harmoniques aigus. En revanche, il est clair que le vernis au tampon résiste assez mal à l'épreuve du temps et se révèle assez peu pratique, ce qui a conduit beaucoup de luthier à finlement l'abandonner.
3) Les guitares à diapason long (66 cm) sont plus puissantes au prix d'une plus grande diffi-culté de jeu. C'est un mythe qui a été entretenu dans les années 70 comme sous-produit de la collaboration Ramirez/Ségovia. A l'heure actuelle, aucune guitare, les plus performantes comprises, ne dépasse 655 mm de diapason, sauf commande spéciale et expresse du client final. Pour ma part, je ne constate aucune différence notable au jeu dans le fait qu'il y ait 1 cm en plus ou en moins réparti sur le manche. En revanche, l'inclinaison, la largeur et l'épaisseur du manche ont leur importance pour la facilité de jeu.
4) Le barrage en treillis (lattice) produit les guitares les plus puissantes mais avec des caractéristiques sonores très différentes de la guitare de tradition espagnole. C'est en fait la combinaison, d'une table très mince soutenue par un barrage en treillis léger (matériaux de synthèse à base de fibres de carbone ou de balsa) et d'un intérieur cadre rigide, la construction très lourde et rigide de la caisse, qui constitue ce système conçu à l'origine par le luthier Australien Greg Smallman. Seule la combinaison complète de ces éléments est de nature à modifier significativement le rendu sonore. Pour s'en convaincre, il suffira de tester une guitare pourvue d'une table équipée d'un barrage en treillis mais ne possédant pas les autres caractéristiques (exemples : Manuel Rodriguez, Paul Fisher, Henner Hagenlocher,...). En fait l'omission de l'un seul des paramètres mentionnés réduit en miettes le modèle. Par d'ailleurs ce système n'est même pas indispensable pour aboutir à une très forte projection, même s'il est vrai que les guitares construites suivant ses principes offrent ce son caractéristique particulièrement concentré et substanciel dans tous les registres, au prix d'une transformation notable du timbre, qu'on est libre d'aimer ou de regretter. A ce propos je vous recommande si cela vous intéresse de consulter les notes de construction du luthier américain Dave Schramm, un des meilleurs spécialistes de ce type de barrage (ici).
5) Pour un son chaud, profond et coloré prendre une table en cèdre et privilégier l'épicéa pour un son plus clair et brillant. C'est effectivement vrai en début de "carrière" de l'instrument quand on compare deux guitares d'un même luthier, toutes choses étant égales par ailleurs, car le cèdre est mécaniquement plus souple que l'épicéa et plus propice à la restitution du bas medium et des fréquences basses. En réalité, on remarque souvent et de manière assez paradoxale davantage de ressemblance entre deux guitares respectivement en cèdre et épicéa de même luthier, une fois les premières années de réelle utilisation passées, que des guitares d'apparence quasi identique fabriquées par des luthiers différents. Par ailleurs, certains des meilleurs luthiers ont la faculté de complètement brouiller les pistes en obtenant de l'épicéa des sonorités que l'on attribuerait d'emblée au cèdre et vice versa. Il ne faut d'ailleurs se souvenir que l'effet du barrage qui transforme de fond en comble les propriétés mécaniques de la table est fondamental. Il reste néanmoins une différence toutes choses étant égales par ailleurs qui est souvent rendue ténue et subtile : plus de présence(par apport de fréquences basses) offerte par le cèdre, contre des aigus plus concentrés et pénétrants proposés par l'épicéa.